Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/390

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je vous interroge, l’heure est solennelle, j’ai une grâce à vous demander.

— Oh ! parlez, madame, vous savez que je n’ai rien à vous refuser !

— Répondez-moi, reprit-elle toute frémissante, m’aimez-vous ?

— Si c’est vous aimer, madame, que de désirer sacrifier sa vie pour vous, si c’est vous aimer que de souffrir le martyre en voyant couler une de vos larmes que je voudrais racheter de tout mon sang, si c’est vous aimer que d’avoir le courage de vous laisser accomplir le sacrifice que l’on exigera demain pour sauver votre oncle, oh ! oui, madame, je vous aime de toute mon âme ! Ainsi, parlez sans crainte ; quoi que vous me demandiez, je le ferai avec joie !

— Bien, mon ami, dit-elle, je compte sur votre parole, demain je vous la rappellerai quand cet homme se présentera ; mais d’abord il faut que mon oncle soit sauvé, dussé-je sacrifier ma vie. Hélas ! il m’a servi de père, il m’aime comme sa fille, c’est à cause de moi qu’il est tombé entre les mains des bandits. Oh ! jurez-moi, Cœur-Loyal, que vous le délivrerez, ajouta-t-elle avec une expression d’angoisse impossible à rendre.

Le Cœur-Loyal allait répondre lorsque Belhumeur et l’Élan-Noir entrèrent dans la grotte.

— Enfin ! s’écria-t-il en s’élançant vers eux.

Les trois hommes causèrent quelques instants à