Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/405

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pit le pirate avec un éclat de rire ; mais, ajouta-t-il en redevenant subitement sérieux, il ne s’agit pas de cela, bien qu’à moitié fou, je me suis laissé dire que vous étiez assez bon médecin.

— J’ai fait mes preuves, monsieur, répondit le docteur vexé de l’épithète.

— Très bien, vous êtes l’homme qu’il me faut.

Le savant s’inclina de mauvaise grâce, il était évident que l’attention le flattait médiocrement.

— Que désirez-vous ? demanda-t-il, êtes-vous malade ?

— Pas moi, grâce à Dieu ! mais un de vos amis qui en ce moment est mon prisonnier, ainsi vous allez me suivre.

— Mais ?… voulut objecter le docteur.

— Je n’admets pas d’excuse, suivez-moi, sinon je vous brûle la cervelle ; du reste, rassurez-vous, vous ne courrez aucun risque, mes hommes auront pour vous tous les égards auxquels la science a droit.

Comme il n’y avait pas de résistance possible, le bonhomme prit son parti de bonne grâce, de si bonne grâce même que, pendant une seconde, il laissa errer sur ses lèvres un sourire, qui aurait donné fort à réfléchir au pirate s’il avait pu l’apercevoir.

Le capitaine enjoignit au savant de passer devant lui, et tous deux gagnèrent la rivière.

À l’instant où ils quittaient la place où venait d’avoir lieu leur conversation, les branches d’un