Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/434

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cours du Soleil, alors il se leva et prit la parole :

— Chefs et guerriers comanches et vous trappeurs blancs, mes frères, dit-il, d’une voix douce et triste, les paroles prononcées par le vénérable sachem sont justes, malheureusement la sûreté des prairies exige la mort de nos prisonniers. Cette extrémité est terrible, cependant nous sommes obligés de nous y soumettre, si nous voulons jouir en paix du fruit de nos rudes travaux. Mais si nous nous voyons contraints d’appliquer la loi implacable du désert, ne nous montrons pas barbares à plaisir, punissons puisqu’il le faut, mais punissons en gens de cœur, non en hommes cruels. Montrons à ces bandits que nous faisons justice, qu’en les tuant ce n’est pas nous que nous vengeons, mais la société tout entière. D’ailleurs leur chef, le plus coupable d’eux tous, est tombé sous les coups de la Tête-d’Aigle, soyons cléments sans cesser d’être justes. Laissons-leur le choix de leur mort. Pas de supplice inutile. Le Maître de la vie nous sourira, il sera content de ses enfants rouges auxquels il accordera des chasses abondantes. J’ai dit : ai-je bien parlé, hommes puissants[1] ?

Les membres du conseil avaient écouté avec attention les paroles du jeune homme. Les chefs avaient souri avec bienveillance aux nobles sentiments qu’il exprimait, car tous, Indiens et trappeurs, l’aimaient et le respectaient.

  1. Cette formule termine invariablement tous les discours des Indiens.