Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/438

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et en souriant, comme s’il savourait la mort, le poignard jusqu’au manche dans sa poitrine.

Une pâleur livide envahit graduellement son visage, ses yeux roulèrent dans leurs orbites, en lançant des regards égarés, il chancela comme un homme ivre et roula sur le sol.

Il était mort.

— À moi ! dit le pirate qui venait après lui et arrachant de la plaie le poignard tout fumant, il se l’enfonça dans le cœur.

Il tomba sur le corps du premier.

Après celui-là ce fut le tour d’un autre, puis un autre encore et ainsi de suite, aucun n’hésita, aucun ne montra de faiblesse, tous tombèrent en souriant et en remerciant le Cœur-Loyal de la mort qu’ils lui devaient.

Les assistants étaient épouvantés de cette terrible exécution, mais fascinés par cet effroyable spectacle, enivrés pour ainsi dire par l’odeur du sang, ils étaient là, les yeux hagards, la poitrine haletante, sans pouvoir détourner les regards.

Bientôt il ne resta plus qu’un pirate, celui-ci considéra un instant le monceau de cadavres qui gisait auprès de lui, retirant alors le poignard de la poitrine de celui qui l’avait précédé :

— On est heureux, dit-il en souriant, de mourir en aussi bonne compagnie, mais où diable va-t-on après la mort ? Bah ! que je suis bête, je vais le savoir.