Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/437

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Le silence se rétablit.

— Vous avez mal compris les paroles du chef, fit-il, en vous laissant le choix de votre mort, c’est non pas une insulte, mais une marque de déférence que l’on vous donne ; voici mon poignard, on va vous détacher, qu’il passe de main en main et qu’il s’enfonce à tour de rôle dans toutes vos poitrines ! l’homme qui, libre, sans hésiter se tue d’un seul coup, est plus brave que celui qui attaché au poteau des tortures, ne pouvant supporter la douleur, insulte son bourreau afin de recevoir une mort prompte.

Une immense acclamation accueillit ces paroles du chasseur.

Les pirates se consultèrent un instant du regard, puis tous d’un mouvement spontané, ils firent le signe de la croix et crièrent d’une seule voix :

— Nous acceptons !

Cette foule un instant auparavant tumultueuse et bruyante, devint silencieuse et attentive, dominée par l’attente de la tragédie terrible qui allait se jouer devant elle.

— Déliez les prisonniers, commanda le Cœur-Loyal. Cet ordre fut immédiatement exécuté.

— Votre poignard ! dit Franck.

Le chasseur le lui donna.

— Merci et adieu, fit le pirate d’une voix ferme, et entrouvrant ses vêtements, il enfonça lentement