Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/448

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néral, si ensuite la proposition que je désire vous soumettre vous déplaît, eh bien, vous me répondrez alors, aussi franchement que moi-même je vais m’expliquer.

— Parlez, général, je vous écoute.

— Mon ami, mon voyage dans les prairies avait un but sacré que je n’ai pu atteindre ! vous en connaissez la raison, les hommes qui m’avaient suivi sont morts à mes côtés. Resté presque seul, je me vois forcé de renoncer à une recherche qui, si elle avait été couronnée de succès, aurait fait le bonheur des quelques jours qui me restent encore à vivre. Dieu me châtie cruellement. J’ai vu mourir tous mes enfants ; un seul me resterait encore peut-être, mais celui-là, dans un moment d’orgueil insensé, je l’ai chassé de ma présence ; aujourd’hui que je suis arrivé au déclin de la vie, ma maison est vide, mon foyer est désert. Je suis seul, hélas ! sans parents, sans amis, sans un héritier auquel je puisse après moi léguer non ma fortune, mais mon nom, qu’une longue suite d’aïeux m’ont transmis sans tache. Voulez-vous remplacer auprès de moi cette famille qui me manque, répondez, Cœur-Loyal, voulez-vous être mon fils ?

En prononçant ces dernières paroles, le général s’était levé, il avait saisi la main du jeune homme et la serrait fortement, il avait des larmes dans les yeux.