Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/449

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À cette offre inattendue, le chasseur était resté étonné, palpitant, ne sachant que répondre.

Sa mère rejeta vivement son rebozo en arrière, et montrant son visage resplendissant et transfiguré, pour ainsi dire, par une joie immense, elle se plaça entre les deux hommes, posa sa main sur l’épaule du général, le regarda fixement, et d’une voix que l’émotion faisait trembler :

— Enfin ! s’écria-t-elle, don Ramon de Garillas ! vous redemandez donc ce fils que depuis vingt ans vous avez si cruellement abandonné !

— Femme, que voulez-vous dire ? fit le général, d’une voix haletante.

— Je veux dire, don Ramon, reprit-elle avec un accent d’une suprême majesté, que je suis doña Jesusita, votre femme, que le Cœur-Loyal est votre fils Rafaël que vous avez maudit.

— Oh ! s’écria le général en tombant à deux genoux sur le sol, le visage baigné de larmes, pardon ! pardon ! mon fils !

— Mon père ! s’écria le Cœur-Loyal en se précipitant vers lui et en cherchant à le relever, que faites-vous ?

— Mon fils, dit le vieillard, presque fou de douleur et de joie, je ne quitterai pas cette posture avant d’avoir obtenu mon pardon.

— Relevez-vous, don Ramon, fit doña Jesusita d’une voix douce ; il y a longtemps que dans le cœur