Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/456

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La conversation s’anima bientôt entre nous et ne tarda pas à devenir expansive.

Au bout d’une demi-heure à peine, j’aperçus à quelque distance devant moi, sortir des ténèbres la masse imposante d’une importante habitation ; c’était l’hacienda dans laquelle mon guide inconnu m’avait promis bon accueil, bon gîte et bon souper.

Mon cheval renâcla à plusieurs reprises et de lui-même pressa son allure.

Je jetai un regard curieux autour de moi, je distinguai alors les hautes futaies d’une huerta bien entretenue et toutes les apparences du confort.

Je rendis intérieurement grâce à ma bonne étoile qui m’avait fait faire une si bonne rencontre.

À notre approche un cavalier placé sans doute en vedette poussa un qui-vive retentissant, tandis que sept ou huit rastreros de pure race, venaient, en hurlant de joie, bondir autour de mon guide et me flairer les uns après les autres.

— C’est moi, répondit mon compagnon.

— Eh ! arrivez donc, Belhumeur, reprit la vedette, voici plus d’une heure que l’on vous attend.

— Allez prévenir le maître que j’amène un voyageur, cria mon guide, et surtout, l’Élan-Noir, n’oubliez pas de lui dire que c’est un Français.

— Comment le savez-vous ? lui demandai-je vexé, car je me pique de parler très purement l’espagnol.

— Pardi ! fit-il en riant, nous sommes presque compatriotes.