Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/457

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Comment cela ?

— Dame ! je suis Canadien, vous comprenez, j’ai de suite reconnu l’accent.

Pendant l’échange de ces quelques paroles, nous étions arrivés à la porte de l’hacienda où plusieurs personnes nous attendaient pour nous recevoir.

Il paraît que l’annonce de ma qualité de français, faite par mon compagnon, avait produit une certaine sensation.

Dix ou douze domestiques tenaient des torches à la faveur desquelles je pus distinguer que six ou huit personnes au moins, hommes et femmes, se pressaient pour nous recevoir.

Le maître de l’hacienda, que je reconnus de suite, s’avança vers moi en donnant le bras à une dame qui avait dû être d’une grande beauté et qui pouvait encore passer pour belle, bien qu’elle eût près de quarante ans.

Son mari était un homme de cinquante ans, d’une taille élevée, doué d’une physionomie mâle caractérisée ; autour d’eux se tenaient les yeux écarquillés cinq ou six enfants charmants qui leur ressemblaient trop pour ne pas leur appartenir.

Un peu en arrière enfin et à demi cachés dans l’ombre étaient une dame de soixante-dix ans à peu près et un vieillard presque centenaire.

J’embrassai d’un seul coup d’œil l’ensemble de cette famille dont l’aspect avait quelque chose de patriarcal qui attirait la sympathie et le respect.