Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/97

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Nous profiterons de cet instant de répit pour faire en deux mots le portrait de la jeune femme.

Doña Luz de Bermudez était la fille d’une sœur cadette du général.

C’était une charmante enfant de seize ans au plus. Ses grands yeux noirs couronnés de sourcils dont la teinte foncée tranchait avec la blancheur de son front pur, étaient voilés par de longs cils de velours qui en cachaient chastement l’éclat, sa bouche mignonne ornée de dents de perles était bordée de deux lèvres rouges comme du corail, sa peau fine avait conservé ce duvet des fruits mûrs et les tresses de ses cheveux aux reflets bleuâtres pouvaient, lorsqu’elles étaient défaites, former un voile à tout son corps.

Sa taille était fine et cambrée, elle possédait au suprême degré ce mouvement onduleux, gracieusement serpentin qui distingue les Américaines, ses mains et ses pieds étaient d’une petitesse extrême, sa démarche avait cette nonchalante mollesse des créoles, si remplie de désinvolture.

Enfin, toute la personne de cette jeune fille était un composé de grâces et de perfections.

Ignorante comme toutes ses compatriotes, elle était gaie et rieuse, s’amusant de la moindre bagatelle et ne connaissant de la vie que ce qu’elle a d’agréable.

Mais cette belle statue ne vivait pas, c’était Pandore avant que Prométhée eût dérobé pour elle le