Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/121

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rent en rond, et, à leur tour, attaquèrent vigoureusement les vivres.

Tout en mangeant, de très-bon appétit, les flibustiers expliquèrent, en quelques mots, au Poletais les motifs de leur présence dans la savane et le mirent au courant de leurs intentions.

Le boucanier ne fit aucune objection, se contentant parfois de hocher la tête ; seulement il se réserva d’agir comme il l’entendrait avec les soldats de la Cinquantaine, qui en somme étaient ses prisonniers à lui ; ce que ses compagnons trouvèrent parfaitement juste.

Après le repas, qui fut bientôt expédié, car les chasseurs et les aventuriers mangent vite, les Frères de la Côte allumèrent leurs pipes, et, sur l’ordre d’Ourson Tête-de-Fer les ex-prisonniers espagnols furent amenés devant eux.

— Señor, dit le capitaine à celui des prisonniers que ses compagnons paraissaient mentalement reconnaître pour leur chef, c’est ici que nous nous séparons. Ainsi que je vous l’ai promis, vous êtes libres. Un engagé du Poletais vous servira de guide jusqu’en vue des avant-postes espagnols ; quelques lieues vous en séparent à peine ; vous y arriverez avant le coucher du soleil. Pour prix du service que je vous ai rendu, je ne vous demande qu’une seule chose, un peu d’humanité pour les Frères de la Côte que le sort ferait à l’avenir tomber entre vos mains.