Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/122

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— Je n’oublierai jamais, señor, répondit l’Espagnol avec dignité, que c’est à vous que nous devons notre liberté ; la dette que j’ai contractée envers vous, je vous promets de l’acquitter en traitant tout prisonnier français, dont je serai maître de disposer, avec les égards dus à l’infortune.

— J’accepte cette promesse, señor, et me déclare amplement payé.

— N’oubliez pas, caballero, dit alors le Poletais en se mêlant selon son habitude sans cérémonie à la conversation, que la vie de dix soldats de la Cinquantaine répondra du mal qui pourrait arriver au guide que je vous donne.

— Est-ce que ces pauvres soldats demeurent prisonniers ? demanda vivement l’Espagnol.

— Oui, à moins toutefois que vous ne consentiez à payer leur rançon.

— Qu’à cela ne tienne, señor ; combien exigez-vous ?

— Cinquante piastres par homme, répondit nettement le Poletais.

— J’accepte, señor ; seulement vous comprenez que je n’ai pas cet argent sur moi ; mais, sur mon honneur et ma foi de gentilhomme, demain, deux heures après le lever du soleil, je vous jure qu’un homme à moi vous remettra le prix convenu, c’est-à-dire deux mille cinq cents piastres.

— Aussitôt la somme touchée, les soldats seront libres.