Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/144

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étaient d’une justesse de tir remarquable, surtout entre les mains des boucaniers, dont l’adresse était proverbiale.

Le capitaine monta sur son banc de quart, et, d’un geste, il ordonna aux flibustiers de s’approcher.

Ce mouvement s’exécuta dans le plus grand ordre.

Un coup de sifflet, strident et prolongé, réclama le silence.

Ourson Tête-de-Fer se décoiffa, salua les Frères de la Côte et prit la parole ; sa voix s’éleva alors, calme, accentuée, sonore, se mêlant aux sifflements aigus de la brise dans les cordages et aux sourds grondements de la mer furieuse contre les flancs du navire.

Les chiens et les sangliers, compagnons inséparables du capitaine, s’étaient couchés aux pieds de son banc de quart, se laissant insoucieusement bercer par le roulis, et regardant les aventuriers avec cette expression si naïvement mélancolique que Dieu a mise dans l’œil des animaux créés pour vivre avec ou pour l’homme, reproche tacite et instinctif qu’ils lui adressent sur sa cruauté envers eux.

Ourson passa sa main sur son front, et, relevant fièrement la tête :

— Frères de la Côte, dit-il en jetant autour de lui un regard chargé d’éclairs, nous sommes de