Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/145

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vieilles connaissances ; parmi vous tous, il n’y en a pas un qui n’ait déjà navigué avec moi. Donc, vous savez non-seulement qui je suis, mais encore ce dont je suis capable, et, en mettant le pied sur le pont de mon navire, votre conviction était faite : vous saviez que j’allais vous conduire à une de ces conquêtes que seuls les flibustiers de l’île de la Tortue savent tenter et accomplir ! Vous ne vous êtes pas trompés, compagnons ; une nouvelle expédition commence, mais, je vous le dis franchement tout d’abord, plus folle, plus téméraire, plus insensée qu’aucune de celles exécutées jusqu’à ce jour ! En un mot, nous allons surprendre les Espagnols dans leur refuge suprême ! leur enlever leurs galions au milieu du port même, que dans leur orgueil castillan ils affirment invincible, parce que l’idée ne nous était pas encore venue de nous en emparer ! Frères ! nous allons prendre Carthagène ?

— À Carthagène ! à Carthagène ! Vive Ourson Tête-de-Fer ! s’écrièrent les flibustiers en brandissant leurs armes avec enthousiasme.

– Je ne vous parle pas, reprit le capitaine, des périls que nous aurons à braver, des difficultés sans nombre qui surgiront sur nos pas ! Que nous importe, cela ? Nous sommes les Frères de la Côte ! les vautours de l’île de la Tortue ! Nous vaincrons !

— Oui ! oui ! hurlèrent les flibustiers avec un redoublement d’enthousiasme à ces hautaines