paroles, dont ils comprenaient toute la portée.
— Certes, continua le capitaine avec une mordante ironie, il m’eût été facile de suivre l’exemple de Morgan, lors de son expédition de Porto-Bello, et d’armer une escadre ; mais si les oies volent en troupe, l’aigle est toujours seul, et seuls nous suffirons à notre tâche ! L’ennemi, qui ne soupçonne pas nos desseins, sera frappé comme par un coup de tonnerre et terrassé avant même d’avoir eu le temps de songer à se défendre !
— Vive Ourson Tête-de-Fer ! interrompirent de nouveau les flibustiers avec un entraînement qui atteignait presque les limites de la frénésie.
— Mais, vous le savez, reprit-il, plus cette expédition est glorieuse, plus nos périls sont grands, plus aussi notre discipline doit être sévère. J’ai rédigé une chasse-partie, cette chasse-partie, écoutez-en attentivement la lecture ; car elle devra être revêtue de vos signatures.
– La chasse-partie ! la chasse-partie ! hurla l’équipage.
La capitaine sortit de la poche de son pourpoint une feuille de papier pliée en quatre, réclama le silence d’un geste, puis il la déplia et lut :
— Article 1er. Tous les Frères de la Côte embarqués sur la frégate la Taquine jurent au capitaine Ourson Tête-de-Fer, chef de l’expédition et aux officiers composant son état-major, obéissance entière sous peine de mort.