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quine et son brave équipage dans les débouquements des Antilles, quelques heures après la réussite de son hardi coup de main sur Guantanamo, et, priant notre lecteur ou notre bien-aimée lectrice de nous suivre, nous sauterons d’un bond sur la côte américaine et nous nous rendrons à Turbaco.

Turbaco est un charmant petit village de sept ou huit cents âmes au plus, village, bâti sur le penchant verdoyant d’une colline, à quelques lieues à peine de Carthagène et adossé contre une forêt majestueuse et presque impénétrable, dont les derniers contre-forts viennent mourir sur le bord même du rio Magdalena.

Éloigné de six ou huit lieues de la mer, ce village sert de refuge aux riches habitants de la ville et aux Espagnols européens non acclimatés encore, contre les chaleurs excessives et les maladies qui pendant l’été règnent sur le littoral.

L’aspect de ce village est réellement enchanteur, il surgit, pour ainsi dire, du milieu d’un immense bouquet de verdure montant en amphithéâtre presque jusqu’au sommet de la colline ; on aperçoit de fort loin ses grandes et élégantes maisons construites en bambous et couvertes de feuilles de palmier.

Des sources limpides jaillissent de nombreuses roches calcaires garnies de polypiers fossiles et auxquelles le feuillage lustré de l’anacardium caracoli, qui les ombrage, donne un aspect réellement étrange.