Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/28

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ce récit si simple et si beau avec une émotion profonde.

— Sacrebleu ! s’écria le capitaine, votre comte de Châteaugrand est un rude homme.

— Oui, reprit en souriant monsieur Ducray, c’est un homme dont le cœur est immense, capable de tous les sacrifices et qui mourra ignoré, de son pays pour lequel il a tant fait.

— L’ingratitude des peuples est l’auréole que Dieu met au front des grands citoyens.

— Mais je n’insisterai pas davantage sur ce sujet ; demain, monsieur, vous verrez le comte et vous le jugerez. Messieurs, voici des cigares de la Havane, je vous les garantis excellents.

— Un mot encore s’il vous plaît, monsieur, dis-je en choisissant un cigare.

— Parlez, monsieur.

— Et ce comte de Châteaugrand descend, lui aussi, d’un célèbre flibustier.

— Du plus grand de tous peut-être ; car sa gloire fut toujours sans tache : il ne fut ni cruel comme Montbarts l’Exterminateur son ami, ni pillard comme Morgan, ni féroce comme l’Olonnais, ni débauché et vindicatif comme le Beau Laurent ; cet homme, dont les exploits firent si longtemps trembler l’Espagne pour ses colonies, obligea ses ennemis mêmes à l’admirer.

— Oh ! je sais son nom alors, m’écriai-je vivement ; car les annales de la flibuste, écrites par