Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/297

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Cinq minutes plus tard, le canot courait bâbord amures, coquettement penché sur le sommet des lames qu’il semblait à peine effleurer dans sa course rapide.

Deux heures s’écoulèrent pendant lesquelles, à part quelques ordres donnés par l’Olonnais, pas un mot ne fut prononcé à bord.

Cependant la côte grandissait pour ainsi dire à vue d’œil.

Déjà même, le canot était si rapproché de la terre, que malgré l’obscurité, il était facile d’en distinguer les capricieux contours.

Les deux Frères de la Côte se consultèrent un instant à voix basse ; puis l’Olonnais ordonna de serrer la voile, d’abattre le mât et de reprendre les avirons.

Tout à coup, tandis que s’exécutait cette manœuvre, un point rougeâtre apparut à une courte distance de l’embarcation, et, une voix rauque cria en français :

— Ho ! du canot ; ho !

— Holà ! répondit aussitôt le capitaine.

— Qu’est-ce que cela veut dire ? murmura l’Olonnais ; c’est singulier, il me semble que je connais cette voix.

— Moi aussi, répondit Ourson Tête-de-Fer ; d’ailleurs nous allons bien voir ; et, mettant ses deux mains en porte-voix à sa bouche : Qui vive ? cria-t-il.