Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/42

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vous ayez essayé de le faire tomber sur mon noble ancêtre : ce sont taquineries de vieillard quinteux dont vous ne devez pas me garder rancune.

« Je pense, comme vous, que les boucaniers ou flibustiers du dix-septième siècle ne sont pas connus ou, ce qui est pire, le sont mal.

« Boucanier, flibustier, ces deux mots sont devenus synonymes de voleur, d’assassin et de pirate.

« Rien n’est plus faux cependant, les flibustiers avaient beaucoup de ressemblance avec les pèlerins de Portsmouth ; comme eux ils cherchaient la liberté de conscience et réclamaient celle des institutions ; de plus qu’eux ils voulaient la liberté des mers, la franchise du commerce et l’extinction du monopole odieux que les Espagnols avaient organisé à leur profit sur presque la totalité du Nouveau-Monde.

« Les flibustiers étaient des libres-penseurs et surtout des initiateurs.

« La France leur a dû ses plus belles colonies, l’Espagne la perte de sa puissance.

« Le mal qu’ils ont fait est oublié, le bien est resté ; la France en a profité tout en les flétrissant du nom de pirates ; après avoir traité avec eux et les avoir avoués et protégés.

« Elle leur devait cette suprême insulte, son ingratitude lui faisait un devoir de s’acquitter ainsi envers eux des immenses services qu’ils lui avaient si généreusement rendus.