Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/12

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pas encore sonnée. Le nom de Napoléon représentait, aux regards éblouis, fascinés, et par conséquent prévenus et trompés, l’ère nouvelle, avec ses splendeurs et toutes ses libertés octroyées aux peuples. Voilà pourquoi le fils d’Olivier et de Dolorès, et d’une foule d’autres niais dans les cinq parties du monde, avait reçu au baptême ce nom prédestiné, mais fort peu chrétien, puisque saint Napoléon n’existait pas ; la curie romaine a été forcée de l’inventer pour les besoins de la cause.

Bref, l’enfant allait sur trois ans ; il n’avait plus autant besoin des soins maternels ; Dolorès et son mari cédèrent aux instances de doña Maria et de don Diego : ils consentirent à leur confier leur enfant ; ils savaient qu’il serait en bonnes mains.

Ce fut une grande joie pour les grands parents que cette tutelle qui leur était confiée, et à laquelle ils attachaient un si grand prix.

Olivier mûrissait un projet ; il préparait une surprise à sa femme, plus que jamais sa maîtresse chèrement adorée.

Doña Dolorès lui avait, à plusieurs reprises, témoigné le désir de visiter la Suisse et l’Italie. Jusque-là Olivier avait toujours réussi, plus ou moins adroitement, à faire remettre l’exécution de ce projet à une époque éloignée.

Depuis son départ de Cadix, Olivier, enrichi par ses prises, n’avait usé d’aucune des lettres de recommandation qui lui avaient été remises ; il n’avait, dans aucun pays, présenté de lettres de crédit, ne s’étant jamais trouvé pressé d’argent ; il n’avait entretenu de relations suivies qu’avec