Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/13

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une seule personne, M. Maraval, dont il était sûr. Six années s’étaient écoulées ; Olivier avait toute espèce de raisons pour supposer ou que sa trace était perdue, ou que ses ennemis avaient renoncé à s’occuper de lui. Il écrivit une longue lettre à M. Maraval pour lui faire connaître ses intentions et lui assigner un rendez-vous.

Grâce à ce hasard singulier qui semblait s’obstiner à favoriser, en toutes circonstances, le jeune capitaine, la lettre partit pour l’Espagne le jour même qu’elle avait été écrite, sur un aviso espagnol expédié en toute hâte à Cadix par l’amiral espagnol commandant le blocus du Callao.

Quinze jours plus tard, les deux époux prirent congé de leurs grands parents, embrassèrent le jeune Napoléon, dont le visage était, jusqu’aux yeux, barbouillé de confitures, et, montés sur des mules conduites par un arriero, ils se rendirent à Huacho, où se trouvait leur navire.

Le surlendemain, le Hasard déploya ses ailes d’épervier et s’envola en haute mer.

Le capitaine, depuis son mariage, avait fait construire une dunette sur son navire ; cette dunette, très-confortablement installée et divisée en plusieurs pièces, communiquait par un escalier intérieur avec l’ancien appartement d’Olivier ; les choses avaient été établies de façon que les deux époux avaient chacun leur appartement ; Olivier avait cédé la cabine à Dolorès, et s’était réservé la dunette ; il est vrai que lorsque cela leur convenait, au moyen de l’escalier intérieur, ils étaient en un instant l’un chez l’autre : nous devons avouer que cela leur convenait très-souvent.