Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/14

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Doña Dolorès était maîtresse absolue dans la cabine, où deux chambres avaient été construites pour ses femmes ; elle faisait dans son appartement ce que bon lui semblait ; Furet avait été, sur l’ordre d’Olivier, spécialement attaché à son service.

La dunette était un peu plus petite ; on avait abaissé le sol du pont, afin de ne pas la surélever trop au-dessus des lisses ; mais, telle qu’elle était, Olivier y trouvait toutes ses aises.

Doña Dolorès ne connaissait pas la direction du navire, elle ne s’en préoccupait nullement ; elle était près de son mari, le reste lui était indifférent.

On doubla le cap Horn au mois de janvier, c’est-à-dire en plein été austral, par un temps chaud et clair, en vue de la Terre-de-Feu, couverte de pingouins, dont les allures étranges et tant soit peu fantasques réjouirent beaucoup la jeune femme et tout l’équipage.

Quelques jours plus tard, on entra dans la Plata ; le navire passa devant Montevideo et vint fièrement mouiller devant Buenos-Ayres, qu’il salua de vingt et un coups de canon, salut qui fut rendu coup pour coup par la ville.

— Où sommes-nous donc, mon ami ? demanda curieusement Dolorès, qui, depuis le matin, se tenait sur le pont et admirait le magnifique panorama qui tour à tour se déroulait sous ses yeux.

— Nous sommes à Buenos-Ayres, ma chérie, répondit gaiement Olivier ; viens, notre baleinière nous attend ; nous allons nous installer à terre.