Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/173

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— Oui ! oui ! que le prisonnier soit libre ! l’ami de la Panthère-Bondissante ne sera jamais un ennemi pour les Piekanns !

Ces paroles furent criées avec enthousiasme par la foule, variable comme toujours, et que le discours passablement embrouillé du Sachem avait d’autant plus électrisée et convaincue, que, comme toujours encore, elle n’en avait pas compris un seul mot.

Dans tous les pays, la diplomatie est la même, à cette différence près que les diplomates sauvages sont beaucoup plus forts que les nôtres, et entendent bien mieux que ces derniers l’art, aussi vieux que le monde, de jeter de la poudre aux yeux, et prouver aux masses que deux et deux font trois.

Le Sachem fit un geste.

Olivier se hâta de s’élancer vers le poteau de torture, et, sur un dernier signe du Sachem, il coupa avec son poignard les liens du prisonnier.

Puis il se tourna vers les chefs, et, d’une voix haute, sonore et légèrement émue :

— Merci à vous, Sachems, dit-il, vous êtes des hommes sages et aimant la justice ; merci à vous aussi, guerriers, vous me payez généreusement aujourd’hui, en une seule fois, des quelques services que, dans différentes occasions, j’ai été assez heureux pour vous rendre. Vous êtes quittes envers moi ; mais je ne me considère pas comme quitte envers vous : vous me donnez mon ami ; mon cœur déborde de joie ; quoi qu’il arrive, je resterai toujours le frère dévoué des Piekanns !

La foule accueillit naturellement ces paroles chaleureuses avec de frénétiques acclamations.

Le jeune prisonnier, soutenu par Olivier, car