Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/194

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sources ; en un mot, tout préparer pour une annexion prochaine aux États-Unis, qui chasseraient les Indiens, les refouleraient bien loin dans le nord, s’empareraient de toute l’Apacheria et la feraient immédiatement coloniser. Tout cela est absurde, et ne soutiendrait pas la discussion avec des gens sensés ; mais allez donc raisonner avec des assassins et des pillards de toutes les couleurs, qui ne vivent que de meurtres et de vols, et qui se croient sérieusement menacés dans leurs repaires ! Donc, ils ont juré la mort de ces braves voyageurs, qui n’en peuvent mais, et qui ne comprennent rien à la haine implacable à laquelle ils sont en butte, et que rien ne justifie ; car je sais pour ma part qu’ils se soucient aussi peu du gouvernement des États-Unis, que je me soucie, moi, du premier brocard que j’ai abattu il y a vingt ans.

— Ont-ils donc été sérieusement menacés ? demanda Olivier avec intérêt.

— Si sérieusement, répondit Sans-Piste, que c’est par miracle que nous avons pu échapper à la mort ; mais aujourd’hui les choses ont subitement changé de face, et cette fois nous sommes bien définitivement perdus.

— Que voulez-vous dire ? Belhumeur et moi nous vous sommes tout acquis.

— Je le sais, aussi vous dirai je tout ; d’ailleurs, alors que je ne vous avais pas encore reconnus, je m’étais bravement mis en marche pour venir vous demander votre aide, quoique deux hommes de plus ne signifient pas grand’chose, quand il s’agit de lutter contre plus de quatre-vingts bandits !