Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/259

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visage ; véritablement, les choses avaient été admirablement faites.

Serviteurs dans les antichambres, chevaux dans les écuries — et quels chevaux ! — voitures sous les remises, rien ne manquait.

Lorsque le duc eut fait visiter à son fils l’hôtel du haut en bas, et qu’ils furent revenus s’asseoir dans un charmant cabinet de travail, ouvrant sur un jardin d’hiver précédant une huerta de médiocre étendue, à la vérité, mais bien dessinée et remplie d’ombre, le duc dit à son fils :

— Vous devez habiter chez vous, et être libre de vos actions, voilà pourquoi je vous ai donné cette maison. J’avais un instant pensé à vous céder une aile de mon hôtel ; mais j’ai réfléchi que depuis longtemps vous étiez hors de page, et que mieux valait vous laisser régler votre vie à votre guise. Ai-je bien fait ?

— Je ne sais comment vous remercier, mon père : vous me comblez ; c’est trop, beaucoup trop, je me perdrai dans cette maison.

— Eh bien vous viendrez me voir, vous me retrouverez toujours.

— Vous êtes bon, mon père ; cependant je vous avoue que tout ce luxe m’effraie, je n’y suis pas accoutumé.

— Bon ! vous vous y habituerez bien vite. N’oubliez pas, mon fils, que vous êtes marquis de Soria et que vous devez tenir votre rang : noblesse oblige, surtout lorsque comme vous on est un Pacheco.

Olivier soupira et s’inclina sans répondre.

En ce moment, un valet souleva une portière.

— Excellence, dit-il respectueusement à Olivier, le señor don Juan de Dios Elizondo demande