Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/27

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plus tard, revenus en Amérique, leur rappelleraient leur charmante excursion à travers la vieille et poétique Europe.

Ils étaient trois, chiffre cabalistique, indispensable pour chasser l’ennui en voyage. Seul, le voyageur s’ennuie, ne pouvant communiquer ses impressions à personne ; à deux la satiété arrive ; parfois on se querelle sous des prétextes frivoles, souvent même sans prétextes, afin de changer la conversation et faire preuve d’indépendance ; à trois cela est impossible ; il y a une majorité, la gaieté persévère quand même.

Déjà, depuis plusieurs mois, ils allaient ainsi insoucieusement, comme des écoliers en vacances, de ville en ville, de bourgade en bourgade.

Ils avaient ainsi traversé l’Italie le nez en l’air, ne laissant pas un monument sans le visiter, une ruine sans lui demander son histoire.

À plusieurs reprises, Olivier avait cru remarquer un homme d’apparence riche, et semblant appartenir à la haute société, qui, par un hasard singulier, s’était rencontré avec lui dans les mêmes villes à visiter les mêmes monuments avec un même enthousiasme ; mais, quelque fût ce personnage, jamais il n’avait, ni par ses gestes ni par ses regards, manifesté l’intention d’entrer en relations avec les voyageurs, dont il se tenait toujours assez éloigné.

Olivier crut avoir affaire à quelque Anglais atteint du spleen, et il cessa de s’occuper de lui.

D’ailleurs, ce singulier personnage disparut un jour et on ne le revit plus.

Seulement le capitaine apprit, quelques jours après, que cet inconnu avait secrètement ques-