Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/30

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les processions — pantomimes ou théories — des Grecs, rappelle jusqu’à un certain point les Bacchanales ; elle est fort curieuse, et attire un grand concours de monde et surtout de voyageurs, car elle ne se renouvelle pas à époques fixes, mais seulement à de longs intervalles.

Quelques auteurs font remonter l’origine de cette fête à la plus haute antiquité, l’attribuant à une imitation des fêtes que les Athéniens célébraient, chaque année, en l’honneur de Cérès et de Bacchus, sous le nom de fêtes aloennes ; mais son origine probable est plutôt la suivante :

Au moyen-âge, les moines des couvents de Haut-Cret et de Haute-Rive achevèrent, dit-on, de défricher complétement les pentes rocailleuses et chaudes de la Vaux, aujourd’hui couvertes de riches et célèbres vignobles.

Voulant encourager et récompenser leurs vignerons, ils prirent l’habitude de les rassembler chaque année à Vevey, au temps des vendanges.

Une procession avait lieu alors. On y voyait un singulier mélange de christianisme et de paganisme ; la croix figurait à côté du thyrse ; on chantait des cantiques, des hymnes à Bacchus et des refrains rustiques en patois roman. Les agriculteurs, serfs des deux abbayes, défilaient, portant des instruments aratoires, des emblèmes mythologiques, ou décorés des distinctions dues à leurs travaux et à leurs soins intelligents.

La journée était terminée par un repas frugal, où le vin coulait à flots, et l’on ne manquait pas de servir aux convives l’antique soupe aux fèves, laquelle est encore aujourd’hui le premier plat du banquet.