Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/31

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Il y avait urgence, il ne fallait pas manquer une pareille fête. Olivier avait loué, non sans difficulté, une carriole pour aller à Vevey ; les voyageurs enfilèrent au grand trot d’un cheval montagnard la rue de l’Etraz, sortirent de Lausanne et se lancèrent sur la route de Vevey.

Bien que la distance d’une ville à l’autre soit assez courte, cinq ou six lieues à peine, la carriole louée par Olivier mit près de trois heures pour accomplir ce trajet, à cause des haltes répétées des voyageurs, qui, à chaque site nouveau surgissant devant eux, descendaient pour l’admirer plus à leur aise, de sorte qu’il était près de quatre heures du soir lorsque la carriole arriva enfin à Vevey.

Vevey n’a qu’une médiocre étendue ; sa population ne s’élève pas à plus de quatre ou cinq mille âmes ; la ville est admirablement située, et comme l’a si poétiquement dit Victor Hugo : « C’est une petite jolie ville blanche et propre, chauffée par les pentes méridionales du mont Chardonne comme par des poêles, et abritée par les Alpes comme par un paravent ; j’ai devant moi un ciel d’été, le soleil, des coteaux couverts de vignes mûres, et cette magnifique émeraude du Léman, enchâssée dans des montagnes de neige comme dans une orfèvrerie d’argent. »

Le cocher avait conduit tout droit ses voyageurs à l’auberge des Trois-Couronnes ; bien entendu, que cette auberge s’intitulait hôtel ; elle l’est devenue plus tard, dit-on.

À ce propos, nous constaterons qu’à l’époque où se passe notre histoire, les touristes étaient rares ; les Anglais atteints du spleen n’avaient pas inventé