Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/316

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Cette précaution prise, Olivier se fit servir à souper, peut-être pour gagner du temps et tromper son inquiétude. Il avait écrit au marquis : « Venez chez moi avant de rentrer chez vous : il s’agit d’une affaire qui intéresse votre honneur ; je vous attends, il n’y a pas une minute à perdre. » Le billet était pressant ; si le marquis rentrait, en le recevant il accourrait, cela était évident. Olivier attendit ; vers minuit, ne voyant rien venir, il renouvela ses ordres à son valet de chambre, et se jeta tout habillé sur son lit pour être prêt au premier appel.

Malgré sa ferme résolution de rester éveillé, la fatigue triompha de ses inquiétudes : il s’endormit profondément.

Il dormait ainsi depuis plusieurs heures, lorsqu’il sentit qu’on lui touchait légèrement le bras ; il ouvrit les yeux, et d’un bond il se trouva debout, l’esprit aussi net et aussi présent que s’il n’avait pas fermé les yeux.

— Eh bien qu’y a-t-il ? demanda-t-il à son valet de chambre respectueusement incliné devant lui.

— Monsieur le marquis m’excusera, répondit le valet de chambre, mais comme Sa Seigneurie m’a ordonné de l’éveiller…

— Est-ce que le marquis de Palmarès est arrivé ?

— Non, monseigneur.

— Quelle heure est-il donc ?

— Quatre heures du matin, monseigneur.

— Alors c’est sans doute un message que m’envoie Mme la marquise ?

— Je l’ignore, monseigneur ; mais il vient d’arriver un caballero qui insiste pour être introduit