Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/317

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auprès de Votre Excellence pour une affaire très-grave et qui, dit-il, ne peut se remettre.

— Faites entrer tout de suite ce caballero et laissez-nous seuls…

Le valet de chambre introduisit l’étranger et se retira.

Cet étranger était un homme de haute taille, aux traits énergiques et au regard perçant ; il paraissait avoir au plus quarante-cinq ans ; les allures de sa personne et ses manières étaient celles d’un homme du meilleur monde.

— À qui ai-je l’honneur de parler ? demanda Olivier, en lui indiquant un fauteuil.

— Je suis bien en présence du marquis don Carlos Pacheco Tellez de Soria ? dit en s’inclinant l’inconnu, répondant à une question par une autre.

— Oui, caballero, répondit Olivier en souriant malgré lui à cette singulière question.

— Monseigneur, je me nomme don Sylvio de Carvajal, je suis alcade de Barrio et chef suprême de la police secrète de Madrid.

— Ah ! fit Olivier en tressaillant et devenant livide.

— Vous m’avez deviné, monseigneur ?

— Je le crains, caballero ; mais veuillez vous expliquer, je vous prie.

— Vous êtes arrivé ce soir à Madrid, monseigneur ?

— Oui, vers dix heures du soir ; je venais de Balmarina, j’accompagnais ma sœur, la marquise de Palmarès Frias y Soto ; je l’ai quittée à l’hôtel Salaberry, sur ses instances ; je me suis rendu au palais pour chercher mon beau-frère, mais sans