Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/322

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ces réticences, il paraît qu’Olivier avait affaire à un de ces hommes qui comprennent à demi-mot ou que, sans s’en douter lui-même, il lui en avait dit assez pour l’éclairer. Toujours est-il qu’au moment où ils s’arrêtèrent devant l’hôtel Salaberry, don Sylvio Carvajal lui dit avec un fin sourire :

— Je comprends maintenant tout, monseigneur.

— Comment, tout ? se récria Olivier avec surprise.

— Oui, monseigneur, reprit tranquillement don Sylvio Carvajal, je comprends l’exclamation qui, dans le premier moment de surprise, vous est échappée ; mais rapportez-vous-en à moi, je vous dirai, avant dix minutes, si vous vous êtes trompé ou non.

Olivier fut atterré ; il était persuadé de n’avoir rien révélé.

Il se fit reconnaître par le concierge ; la porte lui fut aussitôt ouverte.

Les deux hommes franchirent le seuil et pénétrèrent dans l’hôtel.

Ils s’engagèrent alors dans la longue allée de tilleuls conduisant à la façade de l’hôtel.

Au moment où ils émergeaient de cette allée et atteignaient le double perron, un homme parut sur le seuil de la porte, dont les deux battants étaient ouverts.

La lune éclairait en plein son visage pâli et ses traits convulsés, auxquels cette clarté blafarde donnait une expression sinistre.

— Voici le marquis de Palmarès Frias y Soto, dit Olivier à voix basse à don Sylvio Carvajal.