Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/323

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— Ah ! s’écria le marquis d’une voix rauque, c’est vous, mon frère ; pourquoi, hélas ! n’êtes-vous pas resté près de la marquise ? Des bandits sachant l’hôtel désert, sans doute, s’y sont introduits je ne sais comment. Quel horrible malheur ! En rentrant, il y a une heure, j’ai trouvé la fenêtre du cabinet de toilette de la marquise brisée, et elle, ma pauvre et chère Santa, morte et affreusement mutilée. Oh ! il me faudra une vengeance éclatante d’un aussi horrible forfait ! ajouta-t-il en cachant sa tête dans ses mains, comme s’il eût succombé à son désespoir.

Tout cela fut dit d’un seul trait, tout d’une haleine, avec l’accent monotone d’une leçon apprise.

— Justice sera faite, monseigneur, répondit don Sylvio Carvajal.

— Ah ! c’est vous enfin, señor Alcade de Barrio ! s’écria le marquis en relevant brusquement la tête et fixant un regard égaré sur le chef de la police de sûreté ; je suis heureux de vous voir ici. Je vous attends depuis longtemps ; Dieu soit loué ! ce crime épouvantable sera donc vengé !

— Je vous le promets, monseigneur, répondit don Sylvio Carvajal d’un accent glacé.

Le marquis de Palmarès tressaillit ; mais, se raidissant par un effort suprême :

— Quel affreux malheur, mon cher don Carlos ! Comme vous devez souffrir, vous aussi ! s’écria-t-il d’une voix larmoyante en se frappant le front d’un air navré.

— Comme vous, mon frère, répondit Olivier qui avait peine à retenir ses larmes, j’espère que justice sera faite de l’assassin, dussé-je, pour ob-