Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/324

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tenir cette justice, aller jusqu’à la reine régente elle-même !

Le marquis chancela visiblement à cette rude attaque ; il jeta un regard effaré autour de lui ; mais se remettant tout à coup :

— Suivez-moi, dit-il d’une voix sourde, nous perdons notre temps ici ; venez, je vais vous conduire sur le théâtre du crime.

Et il s’avança en avant tête baissée.

— Eh bien ? demanda Olivier à don Sylvio Carvajal.

— C’est le marquis qui a tué sa femme ! lui répondit le chef de la sûreté à voix basse.

— Sur mon honneur, je le crois s’écria Olivier avec une douloureuse conviction.

— Chut ! dit don Sylvio Carvajal, pas un mot, pas un geste qui pourraient lui donner l’éveil.

Tous les domestiques de l’hôtel, attirés par la curiosité, mais surtout par le vif intérêt qu’ils portaient à leur maitresse, qu’ils aimaient sincèrement, avaient suivi de loin les deux hommes et s’étaient peu à peu rapprochés.

Don Sylvio Carvajal fit un signe à l’un d’eux et lui dit quelques mots à l’oreille ; le valet s’éloigna aussitôt en courant le long de l’avenue.

Un candélabre à huit branches était allumé et posé sur une table, dans la première antichambre ; le marquis le prit et guida les deux hommes à travers plusieurs pièces, où tout paraissait être dans l’ordre le plus parfait ; enfin, il s’arrêta avec une visible hésitation devant une porte dont la portière de velours était relevée, et qui n’était que poussée ; cette portière, de couleur bleue, était encadrée de larges bandes d’argent ; sur une