Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/348

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trôler tous ces dires, qui se croisaient et s’enchevêtraient les uns dans les autres, ils étaient immédiatement déclarés authentiques.

Le peuple de Madrid ressemble beaucoup, en cela, au peuple de Paris ; comme celui-ci, il est né frondeur, sceptique et railleur au plus haut degré, toujours disposé à prendre parti contre le gouvernement. Celui-ci eut beau se montrer furieux du suicide du marquis, donner les ordres les plus sévères, commander les recherches les plus minutieuses, promettre les sommes les plus alléchantes à ceux qui découvriraient l’individu ou les individus qui avaient fait passer du poison au prisonnier, rien n’y fit.

L’attente générale était trompée ; l’assassin, mort ou en fuite, échappait au châtiment qu’il avait si justement mérité. Le gouvernement était responsable : donc il était complice.

Ces bruits annonçant la fuite du marquis de Palmarès prirent une telle importance, on affirma si hautement que le cadavre resté dans la cellule était supposé, que le gouvernement s’en émut et ordonna de faire publiquement l’autopsie du cadavre.

Cette autopsie fut pratiquée par le premier médecin de la reine régente, assisté par six de ses confrères, en présence d’une députation de la haute cour de justice, du marquis de Soria, frère de la marquise de Palmarès, et de tous les autres parents ou alliés des familles de Salaberry et de Palmarès présents à Madrid.

L’opération terminée, procès-verbal fut immédiatement dressé devant toutes les personnes assistant à l’autopsie, et signé par elles.