Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/349

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Ce procès-verbal, envoyé à l’impression, fut publié avec les signatures dans tous les journaux.

Mais ce moyen suprême échoua comme les autres il fut accueilli par l’incrédulité complète de la population.

Les Madrilènes avaient inventé une légende, de tous points fantastique, sur la fuite du marquis et les moyens employés par le gouvernement pour en assurer le succès ; la légende leur plaisait, parce qu’elle nattait leurs instincts frondeurs : ils ne voulaient pas en démordre.

Cette croyance s’enracina si profondément dans les masses crédules, que, quarante ans et même cinquante ans plus tard, des gens affirmaient l’existence du marquis de Palmarès, et soutenaient avec la plus entière bonne foi l’avoir rencontré soit à Londres, soit à Paris, soit même à Rome, en Amérique et à Saint-Pétersbourg.

Le lendemain même de l’assassinat de la marquise, Olivier avait écrit une lettre pressante au duc de Salaberry, l’engageant à revenir au plus vite, et lui laissant entrevoir un horrible malheur, sans cependant lui rien dire de positif.

Cette lettre avait été portée à Côme par un courrier auquel Olivier avait recommandé la plus grande diligence.

En effet, dix jours à peine après la mort mystérieuse du marquis de Palmarès, le duc de Salaberry arriva à Madrid.

Olivier, prévenu à l’avance de l’arrivée de son père, était allé au-devant de lui jusqu’à Alcala-de-Henarès, à quelques lieues de Madrid.

Le duc pâlit en voyant son fils ; cependant il l’embrassa et le fit asseoir près de lui, dans sa voiture