Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/352

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Une seconde voiture suivait, dans laquelle se trouvait le médecin de la famille, qu’Olivier avait invité à le suivre.

Le médecin accourut.

— Vite ! hâtons-nous ! s’écria-t-il après avoir examiné le vieillard, nous n’avons pas un instant à perdre pour essayer de le sauver !

Le duc fut aussitôt enlevé de la voiture et couché sur des coussins, sur le rebord de la route.

Olivier, assis sur le bord d’un fossé, soutenait son père ; sur l’ordre du médecin, le valet de chambre du duc lui avait ôté son habit et son gilet et retroussé la manche droite de la chemise jusqu’au dessus du coude.

Le médecin choisit une lancette dans sa trousse et piqua le bras, étroitement serré à l’humérus par une bande.

Le sang ne vint pas tout de suite ; ce fut après quelques instants seulement qu’une goutte de sang apparut aux lèvres de la piqûre, puis il en vint une seconde, une troisième ; le sang commença à couler lentement, puis enfin il jaillit noir, épais, écumant.

— Il est sauvé ! s’écria le médecin, dont jusque-là le visage avait exprimé la plus vive inquiétude.

— Mon Dieu ! demanda Olivier avec épouvante, n’était-ce donc pas un évanouissement ?

— C’était une attaque d’apoplexie ! répondit le médecin en fronçant les sourcils.

— Oh ! fit Olivier ; pauvre père !

Le médecin laissait couler le sang.

Quelques minutes s’écoulèrent ; enfin les paupières du malade battirent, il ouvrit faiblement les yeux et promena autour de lui un regard vague et incertain.