Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/355

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bien agi ; ma douleur est moins amère de vous sentir près de moi pour me soutenir, et me remplacer lorsque je ne serai plus.

Il y eut un assez long silence.

Olivier s’était incliné sans répondre.

— Où sont mes petits-enfants ? demanda le duc après quelques instants.

— Ils sont à Balmarina, mon père, bien tristes et bien malheureux ; j’ai obtenu de la duchesse de Mondejar, notre cousine, qu’elle vint s’installer pendant quelque temps à Balmarina et veillât sur les pauvres petits orphelins, jusqu’à ce que vous ayez décidé quelles mesures devraient être prises.

— Je vois que vous avez tout prévu, mon fils ; c’est un grand bonheur pour moi, au milieu de tous ces désastres, d’avoir été aussi dignement et aussi noblement remplacé par vous.

— Je n’ai fait qu’accomplir mon devoir, mon père ; devoir bien pénible, mais que l’honneur de notre maison m’imposait impérieusement.

Quelques minutes plus tard la voiture franchit la porte d’Alcala.

Le premier soin du duc, en rentrant dans son hôtel, fut de se rendre, appuyé sur le bras de son fils, dans la pièce changée en chapelle ardente, où le corps de doña Santa de Salaberry-Pasta était exposé sur un lit de parade.

La jeune femme semblait dormir ; elle était fraîche, calme, reposée. Un dernier sourire semblait errer encore sur ses lèvres carminées ; sa pâleur seule indiquait que la vie avait pour toujours abandonné cette délicieuse enveloppe.

Le duc, en apercevant sa fille, sentit un sanglot monter à sa gorge ; il se pencha sur elle, lui mit