Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/356

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un long baiser au front, avec cette ardeur douloureuse de l’amour paternel, puis il s’affaissa sur lui-même, tomba sur les genoux, et, joignant les mains avec effort, il adressa au ciel une fervente prière, sans songer à essuyer les larmes brûlantes qui coulaient le long de ses joues pâlies par le désespoir.

Olivier s’était agenouillé près de son père, autant pour le soutenir, s’il le voyait défaillir, que pour prier avec lui.

Le médecin, immobile à quelques pas en arrière, se tenait prêt à accourir au premier signal.

Le duc pria longtemps, puis il se releva avec effort et déposa un baiser tout parfumé d’amour paternel sur le front, d’une pâleur d’ivoire, de la pauvre morte.

— Au revoir à bientôt Santa, ma fille chérie ! murmura-t-il d’une voix tremblante.

Et appuyé sur le bras de son fils, il se retira, le pas chancelant, le dos voûté, la tête basse.

En quelques heures le duc de Salaberry avait vieilli de vingt ans.

Les obsèques de doña Santa devaient avoir lieu le lendemain.

Le duc sonna son valet de chambre pour se faire habiller ; il voulait conduire le deuil en personne.

Il essaya de se soulever dans son lit ; ce fut en vain : tout mouvement lui était impossible.

Le médecin accourut, appelé à grands cris par Olivier.

Il examina le malade pendant près d’un quart d’heure avec une attention soucieuse.

— Il n’y a rien à faire, murmura-t-il enfin avec tristesse, M. le duc a tout le côté droit paralysé.