Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/375

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ruña à Peña-Serrada, et des péripéties à la Gil Blas dont ledit voyage avait été émaillé.

On se sépara de bonne heure pour la nuit, non pas cependant sans qu’Ivon Lebris eût écrit à son second maître Lebègue pour lui ordonner de préparer la grande cabine, et de tout parer pour l’appareillage ; la lettre fut remise à un courrier qui partit aussitôt à franc étrier pour la Coruña.

Le lendemain, vers deux heures de l’après-midi, Olivier et ses amis, retirés dans un charmant fumoir attenant au cabinet de travail, dont il n’était séparé que par une lourde tapisserie de Beauvais, causaient entre eux, en français, de choses assez indifférentes, tout en fumant d’excellents régalias, lorsque le valet de chambre entra et, tenant la portière soulevée :

— Monseigneur, dit-il, Mme la duchesse arrive à cheval, escortée par deux domestiques ; elle n’est plus qu’à deux cents pas du château.

— Vous introduirez, aussitôt son arrivée, Mme la duchesse dans mon cabinet de travail.

— La vigie a signalé aussi le seigneur don Juan de Dios Elizondo, monsieur le duc ?

— Ah ! fit à demi-voix Olivier, ils viennent de compagnie ! Et il reprit à voix haute : Vous prierez le señor don Juan de Dios Elizondo d’attendre quelques instants dans le salon aux deux balcons ; vous ne l’introduirez que lorsque je sonnerai.

Le valet de chambre salua et sortit.

— Alerte ! dit Olivier à ses amis ; demeurez ici, et prêtez l’oreille à ce qui se dira bientôt dans mon cabinet : la scène sera très-intéressante ; il vous sera facile d’entendre, cette portière seule nous séparera. Surtout ne dénoncez votre présence sous