Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/376

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aucun prétexte, et, quoi qu’il arrive, ne venez que si je vous appelle.

Et, sans attendre leur réponse, il souleva la portière et passa dans le cabinet de travail.

Il s’assit, écrivit quelques mots sur un papier qu’il plia, le plaça dans une enveloppe sans le cacheter, et, après avoir écrit une courte suscription, il posa cette lettre près de lui, l’écriture tournée du côté de la table ; cela fait, il ouvrit un livre qu’il parut lire avec le plus grand intérêt.

Quelques minutes s’écoulèrent ; enfin une portière fut soulevée, et le valet de chambre annonça :

— Sa Grâce doña Maria de Ferteuil-Sestos, duchesse de Mondejar.

La duchesse entra ; elle était jeune encore, et fort belle ; en ce moment, malgré l’assurance qu’elle affectait et le sourire stéréotypé sur ses lèvres, il était facile de s’apercevoir qu’elle était en proie à une vive émotion.

Le valet de chambre lui avança un fauteuil et se retira.

Olivier s’était levé vivement, à l’entrée de la duchesse, et s’était, de l’air le plus gracieux, avancé à sa rencontre.

— Eh quoi ! ma cousine, s’écria-t-il, c’est bien réellement vous ? Malgré votre mot d’hier, j’avoue que je doutais encore.

— Pourquoi donc cela, mon cousin ? répondit-elle gaiement en jouant avec son éventail.

— Parce que je cherche vainement dans mon esprit quel motif assez sérieux a pu vous contraindre à quitter ainsi la cour pour entreprendre un aussi long voyage, surtout dans la saison où nous sommes.