Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/48

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fange des rues, je gênais une haute et puissante dame ! Ma mort lui était nécessaire, il la lui fallait pour la rassurer…

— Pardon ! oh ! pardon, Olivier s’écria-t-elle avec des sanglots déchirants.

— Quelle était cette femme ? continua-t-il froidement, je n’ai pas voulu le savoir : j’ai craint d’être obligé de la maudire madame, cette mère dénaturée, qui, non contente de m’avoir tout ravi, nom, fortune, patrie, bonheur, paie des assassins pour me tuer ! C’est épouvantable, n’est-ce pas ? Je ne la connais pas, je ne veux pas la connaître. Vous voyez bien que vous vous êtes trompée, madame, et que vous n’êtes pas ma mère !

— Accable-moi, Olivier ! je suis une malheureuse ! s’écria-t-elle presque en délire ; tes reproches retombent sur mon cœur et le brûlent. J’ai été coupable, bien coupable ; mais je me repens j’ai horreur de ma conduite envers toi ! Ne sois pas implacable prends pitié de ma douleur, de mon désespoir ! J’étais folle ! Je ne m’appartenais pas ! Pardon ! oh ! pardon ! je suis ta mère, et je vais mourir !

— Non, madame, cela n’est pas, cela ne saurait être ! Vous n’êtes pas ma mère ; de quel droit revendiquez-vous près de moi ce titre sacré entre tous et qui ne peut vous appartenir ? Sachez-le, madame, on n’est pas mère parce que, dans l’entraînement d’une passion amoureuse, en faisant litière de tous ses devoirs on a sans y songer, contre sa volonté, mis au monde une malheureuse créature dont on a honte, et qu’on voudrait étouffer en naissant pour cacher sa faute ! Il ne suffit pas, après avoir abandonné cet enfant,