Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/174

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aussi, parlaient le français, m’avaient écouté patiemment, sans m’interrompre et avec un visible intérêt.

— Poor boy ! murmura le chasseur quand je me tus, vous avez du goût pour la marine ? me demanda-t-il.

– Oui, monsieur, répondis-je ; c’est un noble métier ; mais je ne voudrais pas rester matelot.

— Il faut travailler pour cela ?

— Je ne demande pas mieux.

— C’est bien, me dit-il, nous verrons. Je suis le capitaine John Griffiths ; je commande le trois-mâts la Polly de Glascow ; j’ai besoin d’un mousse : je vous prends à mon bord ; si je suis satisfait de votre conduite, j’aurai soin de vous ; prenez votre sac et suivez-moi.

— Oh ! murmurai-je, vous me sauvez la vie ; je vous prouverai, je l’espère, que je ne suis pas ingrat ! Je prononçai ces mots avec un tel accent de reconnaissance, que le capitaine en fut ému.

— Drôle de petit bonhomme s’écria-t-il, allons, en route, il se fait tard.

Je ne me laissai pas répéter cet ordre, je chargeai mon sac sur mon dos, et je suivis gaiement mon nouveau capitaine.

Le patron Cabillaud m’avait fait mettre à terre, à une lieue tout au plus d’Elseneur, un des plus beaux ports du Danemark.

Après trois quarts d’heure de marche, j’entrai enfin dans cette ville, dont j’ignorais alors jusqu’à l’existence.

Le port était rempli de navires de toutes nations, de toutes formes et de tous tonnages.

Le capitaine Griffiths s’arrêta devant un hôtel