Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/199

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— C’est miraculeux ! répondit une voix plus douce ; vous êtes certain, docteur, qu’il a repris connaissance et que la fièvre l’a définitivement quitté ?

— Certes, la crise a eu lieu, elle a été favorable ; avant quinze jours ce gaillard-là sera sur ses pieds, et aussi fort et aussi dispos que si, pendant trois mois, il n’était pas resté entre la vie et la mort ; c’est une admirable organisation il est bâti à chaux et à sable.

— Et vous le connaissez ? demanda une troisième voix que je n’avais pas entendue encore.

— Son délire m’a tout appris, reprit le docteur je sais mieux que lui-même qui il est et où il est né : c’est moi qui l’ai mis au monde ; il est vrai que le lendemain on me l’a enlevé, et que depuis je ne l’ai plus revu.

— C’est étrange !

— Non pas : c’est l’éternelle histoire de la vie humaine ; le hasard se plaît constamment à dérouter les combinaisons les plus ingénieuses. Dans un instant, monsieur le consul, il s’éveillera ; interrogez-le, vous verrez.

En ce moment j’ouvris les yeux et je regardai.

Deux hommes et une femme étaient debout auprès de mon lit, et me regardaient avec intérêt ; les deux hommes avaient depuis longtemps dépassé le milieu de la vie ; leurs cheveux étaient presque blancs.

Je poussai un cri de surprise à l’aspect de l’un des deux.

— Monsieur Lugox ! m’écriai-je en proie au plus grand étonnement.

— Hein ? s’écria en tressaillant M. Lugox, car