Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/200

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en effet c’était lui ; vous me connaissez, mon ami ?

— Vous m’avez oublié, monsieur, répondis-je d’une voix faible ; je comprends cela ; j’étais bien jeune, j’avais un peu plus de sept ans lorsque je vous ai vu pour la dernière fois, il y a treize ans de cela ; mais moi, j’ai toujours conservé précieusement votre souvenir dans mon cœur.

— Je ne vous comprends pas, mon ami, dit-il avec agitation ; expliquez-vous, je vous en conjure.

— Avez-vous donc oublié votre fils adoptif ? murmurai-je avec une poignante tristesse.

— Olivier ! tu serais Olivier ! s’écria-t-il avec explosion.

— En doutez-vous, monsieur ? Vous avez été si bon pour moi au faubourg du Roule et rue Plumet.

— Non, non, je n’en doute pas, cher enfant ! s’écria-t-il en m’embrassant et me comblant de caresses je suis heureux ! oh ! bien heureux de te revoir !

— Pas plus que moi, monsieur, répondis-je les yeux pleins de larmes.

— Appelle-moi ton père, garçon, reprit-il, riant et pleurant à la fois ; si je ne le suis pas en réalité, tout au moins j’en ai joué le rôle, et je t’aime comme un fils !

— Assez ! dit le docteur en s’interposant, ces émotions sont trop fortes : vous me tueriez mon malade, et je veux qu’il vive. Cristo santo ! ajouta-t-il en souriant, je le connais depuis plus longtemps que vous ! Madame Leclerc, écoutez bien ceci : Je défends les visites, jusqu’à nouvel ordre ; il faut laisser à notre ex-moribond le