Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/201

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temps de reprendre ses forces, ce qui ne sera pas long, si l’on m’obéit.

— Je vous obéirai, señor Legañez, répondit la vieille dame avec empressement n’est-ce pas vous qui l’avez sauvé ?

— C’est précisément pour cela que je ne veux pas que l’on me gâte une cure si bien commencée ; retirons-nous.

Le docteur me serra amicalement la main, la vieille dame sourit, M. Lugox m’embrassa, et tous trois ils quittèrent la chambre, dont la porte se referma derrière eux.

Cette scène, si courte qu’elle eût été, m’avait causé une émotion trop vive, dans l’état de faiblesse où j’étais encore j’étais anéanti. Quelques moments plus tard, je cédai au sommeil et je m’endormis profondément.

Trois semaines après, j’étais sur pied, fort et bien portant.

J’appris seulement alors où j’étais, et ce qui s’était passé pendant tout le temps que j’étais resté sans connaissance.

Le surlendemain de la destruction de la plantation du squatter, une nombreuse troupe de voyageurs avait, par hasard, traversé les ruines encore fumantes.

Les voyageurs avaient été saisis d’horreur à la vue de cet effroyable champ de bataille ; ils avaient fait halte aux environs et s’étaient dispersés, cherchant, parmi les cadavres gisants de tous les côtés, s’il n’y aurait pas quelqu’un à secourir seul, de tous, je n’étais pas mort il me restait encore une étincelle de vie ; ce fut cette étincelle que le docteur Legañez, qui faisait partie