Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/215

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

amitiés de marin, que la mort elle-même ne saurait rompre entièrement.

— Merci, matelot, dit Ivon en tendant sa main à Olivier, qui la pressa affectueusement dans la sienne.

— La Fortune atteignit Cuba après une rapide et excellente traversée, sans avoir perdu un seul noir, ce qui est rare dans ces sortes de voyages.

Je débarquai et je remis le navire au consignataire associé du capitaine Galhaubans.

La vente de mon chargement de bois d’ébène me produisit pour ma part un très-beau bénéfice.

J’étais riche : on gagne beaucoup à la traite quand on réussit ; toutes mes expéditions avaient été heureuses ; j’avais économisé, faute d’occasions de dépense, une fort jolie somme, sans compter celle que mon matelot avait en poche, et comme nous faisions bourse commune, ce que nous faisons encore, rien ne nous pressait, et nous avions le temps de voir de quel côté soufflerait le vent.

Cuba ne me plaisait que médiocrement, à cause des Espagnols qui l’habitent ; c’est d’ailleurs un magnifique pays. Je pris avec Ivon passage sur une goëlette américaine, qui nous transporta à la Nouvelle-Orléans.

À cette époque, la Nouvelle-Orléans était encore presque une ville française ; il n’y avait que quelques années seulement qu’elle avait été cédée par la France aux États-Unis ; la langue française y dominait.

J’y retrouvai, par le plus grand hasard, don Diego Quiros et sa famille. Il était venu à la Nouvelle-Orléans dans l’intention d’acheter, ce qu’il