Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/224

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— C’est vrai, capitaine ; mais, sauf votre respect, capitaine, nous sommes des oiseaux de nuit, nous autres, nous avons nos yeux au bout des nageoires.

— Et les meilleures pêches se font en eau trouble, n’est-ce pas, maître Caïman ? dit Ivon en riant.

— Tout de même, monsieur, répondit le maître d’équipage sur le même ton.

— Oui, mais malheureusement il n’y a pas de gibier pour nous dans ces parages, maître Legoff.

— Qui sait ? capitaine, répondit-il en hochant la tête et en clignant l’œil droit.

— Bah ! Est-ce que vous auriez vu quelque chose ? demanda le capitaine d’un ton de bonne humeur.

— Ça se pourrait bien, capitaine ; au cas toutefois où vus seriez dans l’intention de compléter la douzaine.

— Eh ! eh ! je ne dis pas non ; nous en avons déjà sept qui nous attendent à Southampton.

— C’est cela même, capitaine.

— Mais il serait bon de savoir si la chose en vaut la peine. Quand avez-vous aperçu les navires en question ?

— Ce matin, à cinq heures, pendant une éclaircie, capitaine. J’étais monté dans la hune, à l’effet de visiter certain capelage qui ne me semblait pas dans des conditions correctes, lorsque, jetant par hasard les yeux autour de moi, j’ai aperçu les Dons, marchant de compagnie, deux ris pris dans les huniers et les basses voiles carguées, sans perroquets, assez loin par l’avant à nous, et lofant