Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/225

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censément en douceur, comme pour nous passer sous le beaupré.

— Hum ! fit le capitaine ; vous les avez bien examinés, maître Legoff ?

— Très-bien, capitaine, pendant plus de cinq minutes, tout à mon aise.

– Alors, vous êtes sûr qu’ils sont espagnols ?

– Sûr et certain pour l’un, tandis que l’autre m’a semblé s’être déguisé en hidalgo.

— Bon ! Cette fois, je ne vous comprends plus du tout, maître Legoff.

— Voilà : le premier m’a fait l’effet d’avoir amariné le second et de s’être déguisé afin de le tromper plus facilement.

À moins que ce déguisement n’ait été fait que pour donner le change aux autres navires qu’il pourrait rencontrer ? dit Ivon Lebris.

— Cela se pourrait bien tout de même, monsieur…

— Quelle apparence avait le navire que vous suspectez, maître Legoff ?

— Vilaine apparence ! capitaine : un grand polisson de brick, les mâts outrageusement rejetés en arrière, la coque peinte en noir, et ayant sous le beaupré une figure de femme les cheveux ébouriffés, la bouche ouverte et tenant une torche de la main droite.

— N’avez-vous rien reconnu d’insolite dans sa nature ? demanda M. Maraval qui s’était rapproché et écoutait attentivement.

— Si bien, monsieur, répondit le contre-maître en saluant et faisant jouer sa chique de gauche à droite, j’allais y arriver : j’ai remarqué non-seulement que son gréement était dans le plus grand