Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/232

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Les deux bâtiments n’étaient plus qu’à demi-portée de pistolet, au plus, l’un de l’autre.

Tout en hélant le Hasard, le capitaine de la goëlette était arrivé de deux quarts, de sorte que sa marche était devenue perpendiculaire à celle du brick-goëlette.

— Prenez garde ! cria une seconde fois le capitaine.

— Bon ! laissez faire ! répondit en riant le capitaine de la goëlette, et s’adressant à son équipage, encore invisible : Soyez parés, garçons ! ajouta-t-il.

— Laisse arriver ! cria Olivier d’une voix de stentor.

Le brick-goélette décrivit aussitôt une courbe gracieuse.

— Mille démons ! s’écria le pirate avec fureur ; amène cette loque, timonier, et, jetant son portevoix loin de lui, montre notre pavillon à ce gavacho ! ajouta-t-il.

Le pavillon anglais fut aussitôt amené, et remplacé par un pavillon rouge, timbré d’un croissant blanc au milieu ; le pirate arborait audacieusement ses couleurs.

— Tous aux pièces ! des hommes en haut avec des grenades et des fusils ! rugit le pirate.

— Ah ! brigand ! ajouta-t-il après un instant en grinçant des dents avec rage, il m’a joué comme un enfant ! C’est un marchand de boulets ! Alerte ! alerte ! feu partout ! feu !

Mais il était trop tard !

Le pirate, trompé par les allures pacifiques du brick-goëlette, s’était cru assuré de l’enlever sans coup férir et simplement en l’effrayant ; ses pièces