Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/233

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n’étaient pas en état de faire feu, bien que chargées ; elles étaient amarrées en vache, un peu en arrière, et les sabords étaient fermés : il fallait au moins dix minutes pour que tout fût prêt pour le combat !

Ces dix minutes, le pirate ne les eut pas !

Le Hasard avait fait son abatée, et se trouvait marcher bord à bord avec la Chimère. Le pavillon espagnol disparut, remplacé par le pavillon colombien à l’arrière, et la flamme à la pomme du grand mât.

– Attention ! cria Olivier.

La bande qui couvrait la batterie tomba comme par enchantement.

— Feu ! cria le capitaine.

Les sept caronades, chargées à mitraille, partirent à la fois ainsi que le canon à pivot chargé d’un boulet ramé.

L’effet de cette décharge faite à bout portant fut effroyable !

— Lofez ! ordonna le capitaine en courant sur l’avant ; lancez les grappins ! le pirate est à nous !

Et armé d’une hache d’abordage, le capitaine se rua sur le pont de la goëlette, suivi d’une centaine de démons qui bondissaient derrière lui, en hurlant et brandissant leurs armes.

La goëlette avait été rasée comme un ponton par la décharge du Hasard ; le pont était couvert de cadavres et inondé de sang ; le capitaine et les matelots encore en état de combattre s’étaient réfugiés à l’arrière, résolus a vendre chèrement leur vie.

On voyait les pirates, dont les traits étaient horriblement contractés par la rage, noirs de